Emmanuel Carrère Au second semestre de cette année, un cours de l'UFR Art et culture de Lille 3 est consacré à Emmanuel Carrère. Il est dirigé par Laurent Demanze et permet d'étudier les récits de cet auteur contemporain, qui oscillent entre fantastique et réalisme, comme dans La Moustache. Voici quelques informations pratiques : Bibliographie sélective
Œuvres d’Emmanuel Carrère La Moustache, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 1987, [POL 1986]. Je suis vivant et vous êtes morts : Philip K. Dick, 1928-1982, Paris, Seuil, 1993. La Classe de neige, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 1996, [POL 1995]. L’Adversaire, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 2001, [POL 2000]. Un Roman russe, Paris, POL, 2007.
Études critiquesRoland Barthes, « Structure du fait divers », in Essais critiques, Paris, Seuil, 1981. Etienne Rabaté, « Lecture de L’Adversaire d’Emmanuel Carrère : le réel en mal de fiction », Actes du colloque de Bari, Bari, Schena editore, 2002. Dominique Viart (dir.), Paradoxes du biographique, Revue de Sciences humaines, n°263, mars 2001. Franck Wagner, « Le roman de Romand (à propos de L’Adversaire d’Emmanuel Carrère) », Roman 20-50, n°34, déc. 2002.
FilmographieLa Classe de neige (1998), film de Claude Miller. L’emploi du temps (2001), film de Laurent Cantet. Retour à Kotelnitch (2003), film d’Emmanuel Carrère. La Moustache (2005), film d’Emmanuel Carrère.
Plan de coursSéance 1 : Un siècle de littérature Le siècle dernier est encore trop récent pour ne pas se croire myope, et songer à la déformation involontaire du regard. Mais, du moins, l’on peut déjà essayer d’en dégager quelques grandes articulations : de la décadence au modernisme (1900-1930) ; le temps de l’engagement (1940-1950) ; l’avant-garde et la crise des idéologies (1960-1970) ; le contemporain ou le postmoderne (1980-2000).
Séance 2 : La littérature au présent, quelques pistes La littérature contemporaine est inventive et ses métamorphoses parfois difficiles à cerner. Il s’agit durant ce cours d’en analyser cinq, en étudiant quelques auteurs représentatifs. Cinq grands axes sont à décrire : les renouveaux de l’autobiographie ; les enquêtes sur l’altérité ; l’archéologie des savoirs ; les voix du réalisme ; les engagements du roman policier.
Séance 3 : Présentation d’Emmanuel Carrère Après avoir rappelé les grandes étapes de la vie d’Emmanuel Carrère, il s’agit d’en analyser les grandes influences qui ont marqué l’écriture de La Moustache (Philip K. Dick, H. P. Lovecraft, Richard Matheson) et les thèmes privilégiés qui font de cette œuvre une œuvre obsessionnelle (la vie secrète et parallèle ; la solitude des individus ; l’inquiétante étrangeté).
Séance 4 : La Moustache, un fantastique du quotidien L’une des caractéristiques essentielles de La Moustache est d’osciller sans cesse entre un réalisme du quotidien et l’inquiétante étrangeté du fantastique. L’horreur ne naît pas d’une menace extérieure mais du banal, au sein même de la sphère privée.
Séance 5 : La Moustache, le roman d’un cinéphile Visionnage de La Moustache En 2005, Emmanuel Carrère a adapté son roman au cinéma, ce qui ne va pas sans poser des problèmes cinématographiques importants : comment rendre la focalisation interne ? comment restituer l’indécision face à la réalité alors que l’image atteste et authentifie ? Mais cette interrogation du cinéma se posait déjà dans le roman, qui est le récit d’un cinéphile dont la descente aux enfers est ponctuée de références filmiques à travers lesquelles il se représente sa situation.
Séance 6 : De La Classe de neige à L’Adversaire, un roman déplacé La Classe de neige est né d’un empêchement, celui qu’a rencontré Emmanuel Carrère en tentant d’écrire l’affaire Jean-Claude Romand. C’est en quelque sorte un roman déplacé ou déporté, à la fois préface à L’Adversaire et post-scriptum, qui dit par d’autres figures et d’autres personnages le fait divers. Mais c’est aussi une réécriture horrifique des récits d’enfance, qui plonge le petit Nicolas au sein de se pires cauchemars.
Séance 7 : L’Adversaire, entre biographie, autobiographie et roman L’Adversaire est un texte monstrueux, non pas seulement parce qu’il s’agit de dire la vie d’un être à part, mais parce que ce livre oscille en permanence entre de multiples genres : biographie, autobiographie, écriture journalistique… De plus, ce livre est moins le récit d’un fait divers que la fabrique du récit, comment il s’invente, comment il se compose en donnant les moments d’un naufrage. Enfin, c’est aussi à l’écriture du fait divers que se confronte ici Emmanuel Carrère, qui travailla comme chroniqueur judiciaire au Nouvel observateur pour couvrir cette affaire : que fait la littérature du fait divers ? quelle est sa distance avec l’écriture journalistique ?
Séance 8 : Roman Russe, les renouveaux de l’autobiographie |
© 2009 Laurent Demanze |