Laurent Demanze

Maître de conférences à l'ENS-LSH. Il est l’auteur d’une quarantaine d’articles consacrés à la littérature actuelle, et notamment Pierre Bergounioux, Gérard Macé et Pierre Michon, mais aussi Pascal Quignard, Jean-Paul Goux, Sylvie Germain. Il ne s’interdit pas toutefois de s’ouvrir plus largement au siècle, en étudiant Marguerite Yourcenar, André Pieyre de Mandiargues, le surréalisme ou encore Roland Barthes.

Il vient de publier en mai 2008 chez José Corti un essai intitulé : Encres orphelines : Pierre Bergounioux, Gérard Macé, Pierre Michon. Il tente d’y définir les enjeux d’une forme nouvelle, analysée par Dominique Viart, le récit de filiation. En effet, depuis les années 1980, les récits d’héritage se multiplient, et permettent aux écrivains d’aujourd’hui d’interroger leur identité au détour de l’autre. Depuis les travaux essentiels de Paul Ricœur, l’on sait en effet que l’identité individuelle ne se construit qu’en intégrant l’altérité comme une dimension essentielle. Mais c’est aussi la mélancolie qui colore ces encres, puisque l’époque est celle d’une mémoire fragile et inquiète, puisque la modernité marque la crise des transmissions et des héritages. L’introduction de cet essai est lisible sur Fabula et la table des matières sur le site des éditions José Corti .

Il va publier cet automne un volume consacré à Gérard Macé, à nouveau chez José Corti, intitulé L'Invention de la mémoire. Ce livre est le parcours d’une œuvre de ce siècle, commencée sous les auspices de la poésie, mais qui a fait son lit de l’essai critique, de la biographie brève, de la rêverie érudite ou encore de la photographie. C’est une œuvre qui mêle la précision des savoirs et l’enchantement de la rêverie, inventant à mesure une poétique de la mémoire, où la célébration des retrouvailles et le charme de la reconnaissance sont de la partie.

Depuis quelques mois, il s’intéresse aux fictions encyclopédiques, un genre qui parcourt le siècle depuis Bouvard et Pécuchet. Un genre dans lequel la littérature se saisit des savoirs, à la fois pour s’en nourrir et les détourner, dans une oscillation sans fin qui prend souvent la forme du dictionnaire ou de l’abécédaire. Au système clos sur lui-même a succédé des textes en charpies, des ruines d’érudition mais qui n’ont pas abandonné une des ambitions de la littérature : celle de décrire le monde.

© 2009 Laurent Demanze